WUD : Professeur Anty vous êtes hépato-gastro-entérologue au CHU de Nice. Hépatologue… mais c’est pas vous qui opérez, si ?
P.A : Non, l’hépatologue est le médecin des maladies du foie. Il coordonne la sélection des patients qui font de bons candidats pour aller à la transplantation hépatique. Je prends en charge tout le préopératoire et le postopératoire. Le suivi post-greffe est assuré par mes équipes.
WUD : C’est vous qui annoncez aux patients qu’ils sont éligibles à une greffe… Comment ça se passe ?
P.A : Eh bien effectivement j’en ai souvent l’occasion. On les amène à comprendre le bouleversement qu’il va y avoir dans leur vie. Certains n’imaginent pas parfois pouvoir accéder à ce changement d’organe. Je prends l’exemple d’un patient qui a une cirrhose alcoolique. Parfois la vie l’a malmené, il se retrouve assez seul. Si au moins il y a un étayage avec une personne de confiance, on arrive à construire un projet et ça l’amène parfois à retrouver, à reprendre espoir. Pour un patient qui a un cancer du foie, eh bien cette annonce dramatique, on peut annoncer un projet de guérison.
WUD : Qu’est-ce qui vous intéresse dans la greffe ?
P.A : La prise en charge des patients avant et après la greffe hépatique, finalement, c’est une activité qui nécessite de multiples contacts interdisciplinaires et une vision, une prise en charge globale du patient. On est en interaction avec le réseau des médecins et soignants qui sont autour de lui, l’infirmière, le médecin traitant, les différents spécialistes, le cardiologue, l’endocrinologue… Non, c’est vraiment un travail en équipe, extrêmement enrichissant pour les contacts multiples que l’on a, régulièrement avec les patients. Et puis pour le sourire des patients qui nous amènent de temps en temps une petite boîte de macarons, heureux qu’ils sont de pouvoir profiter de la vie.
WUD : Votre meilleur souvenir lié à une greffe ?
P. A : L’un de mes meilleurs souvenirs, c’est de voir le sourire d’un couple pour lequel la maman a accouché de son petit enfant deux ans après avoir été transplantée hépatique. C’est une jeune femme qui avait une cirrhose auto-immune, qui avait débuté de façon assez agressive à l’adolescence. Et c’est vraiment la joie. Et là maintenant, elle fait une troisième grossesse à l’heure actuelle. Donc vous voyez que la vie parfois est remise dans une continuité tout à fait normale et magnifique.
WUD : Un mot pour les médecins qui s’orientant vers la greffe ?
P. A : La transplantation d’organes est une très belle spécialité. Elle demandera beaucoup de rigueur, beaucoup d’efforts, comme la médecine en général. Mais c’est absolument passionnant et c’est vraiment l’un des exemples de pathologies complexes qui peut vous occuper toute une vie.